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Catastrophe à Arches National Park, Utah

25 juin, Arches National Park, dramatique retour de randonnée

Il doit être 12h30, ce 25 juin lorsque nous arrivons en vélos au sommet du haut de côte, dans le camping de Devil's Garden, d'où la vue plonge sur les derniers emplacements. Nous réalisons soudain que notre motorhome a disparu et, en une fraction de seconde, arrivant sur son emplacement où il ne reste qu'un tas de cendre, comprenons que la colonne de fumée aperçue depuis la randonnée était celle de notre RV qui brûlait !


Que s'est-il passé ?

Aujourd'hui encore, nous ne savons pas ce qui a déclenché l'incendie et nous ne le saurons sans doute jamais. 3 compagnies d'assurances, celles du loueur, du constructeur et de l'équipementier ont enquêté et, au bout de 8 mois, ont conclu qu'ils ne pouvaient déterminer les causes de l'incendie.
Voilà les témoignages dont nous disposons :
vers 9h00 du matin, Joe, l'hôte du camping vide la poubelle d'un emplacement voisin. Il remarque de la fumée s'échappant des évents de notre motorhome. En s'approchant, il aperçoit des flammes par la porte du RV mais ne peut entrer car celui-ci est fermé à clefs. Les rideaux sont tirés, impossible de voir à l'intérieur s'il y a quelqu'un ou un animal de compagnie. Il appelle et n'obtenant pas de réponse, est un peu rassuré sur le fait que le RV est bien vide de ses occupants. Le temps d'appeler les Rangers, le feu s'est emparé de tout le véhicule et celui-ci n'est bientôt plus qu'un brasier. Plusieurs petites explosions incitent les témoins à se tenir à distance.

Karen, le superviseur des rangers, ne pourra être sur place qu'au bout d'une demi-heure et les pompiers arriveront un peu plus tard pour éteindre les restes de l'incendie. Heureusement, personne n'est blessé et l'absence de vent a évité que le feu ne se propage à la végétation.

Premiers constats et retour au Visitor Center

Lorsque nous arrivons sur place, l'incendie est éteint, les pompiers déjà repartis. Nous sommes attendus par Jessie, une ranger, ainsi que par Jane, l'hôtesse du camping. Celle-ci réconforte Christine, qui est assez choquée. Très professionnelle, Jessie ne perd pas de temps : elle nous embarque dans son 4x4 et nous conduit au Visitor Center, à l'entrée du parc, tout en nous confiant à chacun un crayon et une tablette pour que nous commençions à noter les objets que nous avons perdus. Un autre ranger se chargera de descendre nos vélos dans un pick-up.

Le constat est assez déprimant : nous voilà en shorts, T-shirts et chaussures de randonnées. Nos sacs à dos contiennent surtout des bouteilles d'eau vides. Il nous reste heureusement nos appareils photo. Tout le reste est définitivement perdu, brûlé, consumé. Nous établirons la liste plus tard mais déjà nous savons que nous avions laissé le passeport de Christine et toutes nos cartes de crédit, dont, pourtant nous ne nous séparions jamais en voyage ! Il suffit d'une fois...

Déclarations et premières mesures

Au Visitor Center, nous sommes reçus par Karen, la superviseur des rangers. Elle nous interroge sur notre emploi du temps et nous fait remplir à chacun une déclaration où nous décrivons ce que nous avons fait ce matin avant de partir en randonnée. Cet interrogatoire discret est mené avec beaucoup de gentillesse. Dans les parcs nationaux, les rangers ont statut de policiers.
Surtout, Karen nous aide à contacter Carte Bleue Visa et le consulat de France à San Francisco avec qui nous mettons au point la procédure pour obtenir un laissez-passer qui permettra à Christine de rentrer en France : nous devrons nous rendre à Salt Lake City, munis de justificatifs, auprès de la consul honoraire qui se chargera de faire la demande de laissez-passer à San Francisco. Inutile donc d'aller jusqu'à San Francisco. Carte Bleue Visa peut nous débloquer un miller de dollars environ que nous pourrons récupérer le lendemain à un bureau Western Union.
Karen a déjà contacté le loueur du véhicule qui a transmis une copie du contrat par fax. Nous essayons de les joindre à nouveau mais n'y parvenons pas.

La chaîne de solidarité

Un peu plus tard, d'autres personnes apparaissent. Cindy, responsable de la Canyonlands Natural History Association nous offre gentiment des T-shirts du parc. Archie, figure locale et adjoint du sheriff, nous embarque dans son pick-up, avec nos 2 vélos et nous dépose au Comfort Suite à Moab, où ils se sont débrouillés pour nous réserver une chambre. Archie n'hésite pas à charger la caution de l'hôtel sur sa carte de crédit.
A peine installé à l'hôtel, j'essaye encore de joindre le loueur mais personne ne me rappelle. Pendant ce temps, Christine est sortie pour faire quelques courses de première urgence. Sur le parking, elle croise Karen et une autre ranger, venues nous apporter des vêtements provenant de la Church Association. Elles emmènent Christine faire ses courses chez un Discounter. Un peu plus tard, c'est Cindy qui passe à l'hôtel et nous offre 2 invitations pour un restaurant voisin.
Toute cette chaîne de solidarité qui s'est mise en place nous réchauffe le coeur car nous sommes bien désemparés : en quelques instants, nous avons basculé de l'univers naturel et lumineux de notre voyage à un monde obscur fait de démarches administratives kafkaïennes, d'angoisses et de doutes sur un avenir bien sombre...
Mais bon, personne n'est blessé !!

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